Haïti, l’île martyre. Chapitre 4…morts et vivants

© Olivier Laban-Mattei

Nous avons choisi une photo de la série «Earthquake in Haïti»,  prise par Olivier Laban-Mattei après le séisme ayant ravagé Haïti. Cette photo est prise en plan moyen, en cadrage frontal et en noir et blanc.  C’est assez classique dans le photojournalisme, pour les « puristes » cela facilite une certaine mise à distance.  La photo semble coupée: 1/3 gauche, occupé par une femme et un garçon: les vivants; 2/3 droit occupé par un cercueil: les morts. Cette photo évoque l’ampleur des pertes sans montrer un cadavre. Le cercueil interpelle, il porte une pancarte sur laquelle est écrit « A VENDRE ». Il  attire l’œil par sa couleur blanche qui contraste avec le noir omniprésent tout autour. Ce cercueil surprend. Finalement on s’attend à voir des morts sur un lieu de catastrophe, on s’attend à voir des cercueils avec des défunts à l’intérieur… mais celui-ci est vide et à « vendre »… on ne s’attend pas à voir le commerce de la mort et surtout pas dans cette situation. En effet, le cercueil est vendu devant une baraque dévastée dans ce qu’on suppose être un bidonville. Le cercueil est le seul élément stable sur cette image de chaos total. Cette  pancarte à vendre, crée un effet de surprise et de mal-être, le cercueil  est « banalisé », comme si l’on vendait un objet de consommation de tous les jours.  Et en fait on comprend à quel point la mort est banalisée dans une catastrophe pareille. Le cercueil est  vendu à cause de la misère des gens et du nombre de morts.  A gauche, il y a une femme et un garçon assis sur de vieilles caisses. C’est à peine si l’on distingue le reste de leur maison détruite. Au sol il y a des planches, un panier à linge au milieu des détritus, des gravats et des décombres.

Sur cette photo ce qui choque le plus est la pauvreté, la misère, le dénuement total des personnages, mais curieusement le garçon semble tout de même optimiste, puisqu’il a l’air de sourire. Un sourire qui n’est qu’une façade, cachant une profonde détresse. La femme derrière lui a l’air complètement désemparée.

Les vivants                  Les morts

Fouamouz Leïla, Garrigue Severine, Seconde 03. 2010. Lycée François Arago. Perpignan

© Olivier Laban-Mattei- Polaris, novembre 2010

Caption: The number of people affected by cholera in Cité Soleil, a slum of Port-au Prince,is increasing day by day exponentially, according to a doctor of Doctors Without Borders.///Jean-Pierre Britus files his mother suffering from cholera, Kernilis St John in a wheelbarrow, in the slum of Cite Soleil in Port-au-Prince, to transport her to St. Catherine’s hospital in Cite Soleil.

Ce cliché, pris par Olivier Laban- Mattéi, est tiré de la série CHOLERA qui ravage Haïti depuis la mi-octobre 2010. Cette photo fait écho au cliché du séisme analysé ci-dessus. Ici aussi, la mort est présentée sous un angle singulier mais sans évacuer sa dimension atroce. Une femme, touchée par le choléra est très affaiblie. Visage émacié. Corps raide…presque cadavérique…Elle est transportée vers l’hôpital dans une brouette. Olivier Laban-Mattei a choisi d’utiliser un cadrage moyen avec des couleurs très saturées…le cliché est ponctué de touches de bleus très lumineux…bleu de prusse, bleu turquoise, marine, cyan…seul apaisement dans la tragédie qui se joue sous nos yeux. Des tons saturés, comme si la population et nous-mêmes, étions saturés par autant d’épreuves…comme si la mise à distance n’était plus possible. Des couleurs pour dire que cette tragédie n’est pas hors du temps, elle se déroule maintenant. Des couleurs… pour  dire… sans fard.

© Olivier Laban-Mattei

Dans ce cliché, on retrouve le cercueil, là aussi présenté de façon singulière: pris à contre-jour, placé sur une charrette, le conducteur est dans l’ombre si bien qu’on l’impression que le cercueil chemine seul sur une route vide, sous un soleil de plomb…comme si la mort avait complètement triomphé  en Haïti.

Laetitia Canal-Cologni
http://www.globalpost.com/dispatch/the-americas/101221/haiti-pictures-cholera-election

POUR APPROFONDIR

Haïti ou République d’Haïti, est un pays des Grandes Antilles occupant le tiers occidental de l’île d’Hispaniola (soit 28 000 km2environ). Sa capitale est  Port-au-Prince.  Il y a 9 millions d’habitants. Le régime politique est une république dirigée par René Préval.

MSF et le CHOLERA

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©Ron Haviv, Agence Cosmos, 2010

« Plus de 2 120 personnes sont mortes de la maladie apparue à la mi-octobre, selon les dernières estimations. Le 3 décembre, un total de 91 770 cas avaient été recensés dans l’île et 43 243 malades hospitalisés. Et la mort intervient dans certains cas deux heures après l’apparition de la maladie, souligne le CDC. Selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), branche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il pourrait y avoir jusqu’à 400 000 cas de choléra au cours des douze prochains mois, dont la moitié au cours des seuls trois prochains mois. Lundi, l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a indiqué avoir traité 47 000 personnes soit plus de 50 % des patients atteints du choléra en Haïti. »  Source Le monde.fr

« Si le nombre de cas se stabilise à Port-au-Prince, MSF constate que l’épidémie de choléra continue de s’étendre dans le nord d’Haïti et dans de nouvelles régions plus au sud. Les zones rurales sont particulièrement vulnérables. Les équipes MSF ouvrent de nouvelles structures pour soigner les personnes vivant dans ces zones difficiles d’accès.  Nous ne voyons souvent que la partie émergée de l’iceberg car on sait qu’il y a des personnes qui meurent de choléra dans les communautés rurales », explique le Dr David Schrumpf, qui dirige les équipes itinérantes MSF dans la région du Nord. « Nous essayons de les atteindre, en voiture, à moto ou parfois à pied, pour installer des points de réhydratation orale, voire des unités de traitement. L’objectif est d’offrir aux populations plus éloignées un meilleur accès aux soins médicaux mais aussi de permettre aux malades de se réhydrater sur la route menant aux premières structures de soins. »

Stabilisation à Port-au-Prince et dans le centre du pays
Dans la capitale, Port-au-Prince, le nombre de cas de choléra reste élevé mais, globalement, le nombre d’admissions dans les 13 centres de traitement de MSF se stabilise. Au total, 14 000 personnes ont été soignées, dont 1 800 la semaine passée, dans la capitale haïtienne. Dans l’Artibonite, où l’épidémie à commencé il y a huit semaines, le nombre de cas de choléra régresse: 870 au cours des sept derniers jours, et 21 000 au total depuis le début de l’épidémie.

Ouverture de nouvelles structures dans le sud
Suite à une augmentation des cas de choléra dans plusieurs zones du sud du pays, MSF met en place des centres de traitement. C’est le cas notamment dans le Sud, à Léogâne et Jacmel, et dans le Sud-Ouest, aux Cayes et à Jérémie.
« Dans les zones qui n’avaient pas encore été touchées par l’épidémie, la population a vraiment peur », raconte Alan Lefebvre, coordinateur d’urgence MSF. « La population craint qu’en construisant un centre de traitement du choléra, nous amenions la maladie dans la communauté. Le défi, c’est d’informer, de sensibiliser, de démontrer qu’on est là pour soigner les malades et que cela fonctionne. » Source MSF.org

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