2- Israël-Palestine…la Paix!?

Gary Hershon/Reuters/ Accords d’Oslo, signés à Washington. Rabin, Clinton, Arafat

La poignée de main est une image forte de la diplomatie: c’est un accord officiel ou officieux de premier ordre.
On se souvient de poignées de mains aux sous-entendus tragiques …Staline et Ribbentrop… Petain et Hitler à Montoire…mais il est, une poignée de main qui semblait combler une bonne fois pour toutes des fossés que l’on croyait insurmontables.
C’est la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Elle marque une avancée décisive vers la paix entre Israël et Palestiniens, paix que l’on pensait irréversible. Las, l’avenir nous a montré qu’en matière d’espoir de paix le chemin est toujours semé d’obstacles et les revirements sont… brutaux.

Bref, cette poignée de main est aujourd’hui devenue une image iconique.  Elle fait la couverture des manuels d’histoire. Les deux anciens ennemis, sourire pudique pour Rabin, rayonnant pour Arafat, réunis par un président américain en position de Christ pantocrator…oui l’image est belle… et… travaillée! Une image tellement belle tellement forte qu’elle en efface son auteur. En étant plus attentif, on note qu’ il n’y a pas une photo mais une myriade de clichés pris par différents photographes dont « on » néglige trop souvent de signaler le nom…de ce fait il est difficile de respecter le crédit. Ces photos ont été prises par les happy few, photographes accrédités par la Maison Blanche dans un périmètre restreint. Les trois protagonistes sont placés sur une estrade et exposés de face ou  en légère contre plongée. Par ailleurs, cela facilite la prise de vue pour l’ensemble des photographes. Peu de place à l’improvisation, encore moins au regard singulier. Cette photo iconique est aussi une photo « officielle » prise dans un cadre « officiel » rigide et contrôlé par la communication. L’avantage de ce shooting en rafale, de cette vidéo en images fixes, c’est qu’il propose une chronologie de la scène qui échappe un peu à la mise en scène programmée.. En observant les différents clichés, on remarque le léger glissement de Rabin vers Arafat, un sourire de plus en plus ouvert d’Arafat et un sourire plus détendu de Clinton. Comme un OUF c’est fait! …l’instant entre dans l’Histoire!Le 12 décembre 1994 Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Shimon Peres reçoivent le prix Nobel de la Paix

 

Laetitia Canal-Cologni

Ce cliché iconique fait un peu oublier, et c’est regrettable, les clichés sur les accords de Camp David signés entre Begin et Sadate sous la médiation de Jimmy Carter. Sans mise en scène réfléchie, dans une atmosphère confondante de naturel, là aussi on assiste à une page historique. L’importance de l’événement prenant à nouveau le pas sur l’auteur que l' »on » oublie de citer.

Accords de Camp David

 

POUR APPROFONDIR

LIRE LES ENJEUX DU CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN DANS LE POST PRECEDENT (Poudrière Promise)

 CHRONOLOGIE DE DECENNIES DE CONFLITS ET D’ESPOIRS DECUS

1964 création de l’OLP (organisation de Libération de la Palestine). Organisation terroriste.

5-10 juin 1967 Guerre des 6 jours.
C’est  une guerre préventive menée par Israël contre l’Egypte, la Syrie, la Jordanie. Israël occupe Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem Est, le Sinaï, une partie du Golan (dont le Mont Hermon et les fermes de Chebaa…c’est-à-dire les sources du Jourdain)
La Résolution 242 votée le 22 novembre 1967 par le Conseil de Sécurité de l’ONU demande le retrait des territoires occupés par Israël.

1969 Yasser Arafat devient chef de l’OLP

1972 Prise d’orages de la délégation israélienne aux Jeux Olympiques de Munich par le commando Septembre Noir, 11 athlètes seront tués.

6-24 octobre 1973 Guerre du KippourL’Egypte et la Syrie attaquent Israël le jour de la fête du Yom Kippour, Israël avance jusqu’à 100 km du Caire, occupe le sud Liban et le Golan.
La résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’Onu demande le retrait israélien du Sud Liban.

17 septembre 1978 les accords de Camp David sont signés par le président égyptien Anouar el- Sadate, le premier ministre israélien Menahem Begin sous la médiation du président américain Jimmy Carter. Israël restitue le Sinaï à l’Egypte, les deux pays se reconnaissent mutuellement. Sadate sera assassiné en 1981 et remplacé par Hosni Moubarak
1982 Des obus sont lancés en Israël depuis le sud Liban, Opération Paix en Galilée, les Etats-Unis imposent un cessez-le feu le 20 juin, l’OLP est évacuée en Tunisie. Création du Hezbollah, organisation terroriste libanaise chiite contre l’occupation israélienne.

1987. Première Intifada (guerre des pierres) contre l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza.

13 septembre 1993 Accord d’Oslo, signés à Washington par le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, le représentant de l’OLP (devenue une organisation politique) Yasser Arafat sous la médiation de Bill Clinton. L’Autorité Palestinienne est créée. Reconnaissance mutuelle acceptée.

4 mai 1994 accord Gaza- Jericho donne des pouvoirs limités à l’Autorité Palestinienne
12 décembre 1994 Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Shimon Peres reçoivent le prix Nobel de la Paix.
4 novembre 1995 Assassinat d’Yitzhak Rabin par un extrémiste juif

1995-1996 multiplication des attentats par le Hamas (organisation terroriste palestinienne sunnite crée en 1987), le Jihad Islamique (organisation palestinienne terroriste sunnite), mais aussi le Hezbollah.

Mars 1996 Opération Raisins de la Colère contre le Hezbollah au Sud Liban.

Eté 2000 Echec des négociations de Camp David II ( désaccord sur la Cisjordanie, Jérusalem est et les exilés palestiniens)

Septembre 2000 Seconde Intifada suite à la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées. Les attentats se multiplient.

Eté 2002 Début de la construction de la barrière de défense israélienne en Cisjordanie pour protéger les colonies israéliennes de Cisjordanie.

11 novembre 2004 mort de Yasser Arafat

Août 2005 Retrait de la bande de Gaza par Israël et destruction des colonies israéliennes. Mais relance puis gel puis à nouveau relance de la colonisation en Cisjordanie.

2005 Mahmoud Abbas du parti du Fatah devient président de l’Autorité  Palestinienne

2007 Le Hamas gagne les élections législatives à Gaza. Les tirs de roquettes atteignent la ville de Sderot.

27 décembre 2008- 3 janvier 2009 Opération Plomb durci menée par Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas ( 1300 palestiniens sont tués, 1 » Israéliens, sources Israël)

ORGANISATION POLITIQUE D’ISRAËL

Israël est un des rares pays démocratiques du Proche- Orient, c’est une république parlementaire. Les institutions séparent les 3 pouvoirs :
Le pouvoir législatif est détenu par 120 députés siégeant à la Knesset. Les élections se font au scrutin proportionnel ce qui nécessite des coalitions et donc de composer avec les desidérata des petits partis. Le mandat des députés est de 4 ans mais la Knesset peut se dissoudre si une majorité parlementaire disparaît. La Knesset vote les lois, le budget, peut censurer le gouvernement. Le président d’Israël est élu par la Knesset, il a peu de pouvoirs et assure un mandat de 7 ans.
Le pouvoir exécutif est assuré par le Premier Ministre qui est le leader du parti le plus puissant de la coalition majoritaire à la Knesset.
Le pouvoir judiciaire est entre les mains des juges et de la cour suprême.

NB: Israël n’a pas de constitution écrite mais plusieurs lois fondamentales qui font office de socle institutionnel.

COALITIONS ET COHERENCE POLITIQUE

Les coalitions parlementaires à la Knesset peuvent être instables car elles réunissent différents partis qui n’ont pas toujours les mêmes orientations. De ce fait, toute difficulté peut casser les coalition et engendrer une crise politique. Les dernières élections législatives en sont la preuve : elles devaient initialement se tenir en 2010. Toutefois, suite à la démission du Premier Ministre  Ehud Ohlmet (accusé de corruption),   Tzipi Livni, lui succède à la tête du parti Kadima mais n’arrive pas à constituer une coalition. Les élections sont avancées à février 2009. Le parti Kadima arrive en tête avec 28 sièges face au Likoud (27 sièges), mais c’est le leader du Likoud Netanyahou qui devient premier ministre en arrivant à former une coalition de droite.

PARTIS POLITIQUES ISRAELIENS

Partis principaux

  • Kadima centre droit
  • Likoud droite conservatrice
  • Avoda parti travailliste (gauche)

Autres partis politiques
-Shass       ultra-orthooxes séfarades
-Israel Beytenou   droite nationaliste russophone
-HaBayit HaYehudi    sionistes religieux
-Gil       gauche contestataire pro-retraités
-Yahadut Hatora,   orthodoxes ashkénaze
-Meretz      socialistes laïques et sionistes
-Liste arabe uni- Ta’al,     arabes israéliens
-Hadash     communistes
-Balad     arabes israéliens

Bilan: le scrutin à la proportionnelle, l’éclatement politique, le système des coalitions ainsi que la présence de partis politiques religieux compliquent toute ligne politique en faveur de la paix à long terme puisqu’il faut composer avec de petits partis, dont certains très radicaux. De surcroît, la sécurité est un credo essentiel de la politique israélienne. Or le pays est exposé aux attentats, tiraillé par des querelles politiciennes (et électoralistes) internes…la politique israélienne fluctue entre répression et négociation, entre intransigeance et discussion. La situation actuelle est clairement au raidissement et à la riposte aveugle. Cela dit il ne faut pas faire d’amalgame entre la politique menée par le gouvernement et le sentiment d’une grande partie de la population israélienne qui aspire à la paix !

La résolution 242: une solution?

Après plus de 40 ans de conflits Israël contrôle l’accès aux  territoires palestiniens, l’accès à l’eau (Jourdain et nappes) et une grande partie de Jérusalem. Israël a concédé la création de l’Autorité Palestinienne et reçu la reconnaissance de son Etat par quleques pays arabes.

Cependant aucun  camp n’a pu imposer sa politique par la force. De guerre lasse, les adversaires semblent revenir à la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui réclame le droit d’Israël à exister dans la sécurité et la restitution des « territoires occupés » ainsi qu’un jsute réglement du problème des réfugiés palestiniens. Cependant la persistance de la colonisation israélienne en Cisjordanie, la construction du mur de séparation, et, l’incapacité des Palestiniens  à mettre fin aux attentats terroristes,  désarmer les milices et  éliminer la corruption compromettent tout accord rapide. 

LES FERMES DE SHEBAA: UN EXEMPLE D’ENJEUX STRATEGIQUES

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Les fermes de Shebaa (ou Chebaa) forment une région de 25 km2 comprenant 14 fermes situées au sud du village de  Shebaa, village situé sur un versant du Mont Hermon, sur le Haut Golan,  à proximité du point triple de frontière entre la Syrie, le Liban et Israël . Autant dire que c’est  une zone hautement sensible sur le plan stratégique mais aussi hydrologique ( contrôle des sources des fleuves). Le village lui-même de Cheeba est libanais, seules les 14 fermes sont disputées. Ces fermes produisent du blé, des fruits et des légumes.

UN PROBLEME DE FRONTIERES

L’origine du problème remonte à la période des mandats, le Liban est un mandat français et la Palestine un mandat britannique ; à cette période les frontières sont déjà mal définies. Les fermes sont attribuées à titre « précaire » à la Syrie. Une carte « officielle » est néanmoins généralement admise : celle de 1923. Cette carte servira de base au tracé de l’armistice de 1949 entre Israël, le Liban et la Syrie. En 1964, une commission libano-syrienne attribue les fermes au Liban, mais la Syrie reste présente. En 1967, lors de la guerre des 6 jours, la région passe sous contrôle israélien.  La région est restée sous contrôle israélien après le retrait des forces israéliennes du Sud Liban en 2000.A QUI SONT LES FERMES ?

Le Liban considère que les fermes de Chebaa sont partie intégrante au Liban et demande leur restitution.  Un certain nombre de résidents de la région possèdent d’ailleurs des certificats fonciers libellés par le gouvernement libanais.
Les cartes militaires libanaises publiées en 1961 puis en 1966  nomment plusieurs fermes de la région, et elles sont toutes indiquées comme étant libanaises.

Israël  les considère comme une partie du plateau du Golan  (donc d’origine syrienne…) .  Ce territoire n’est pas couvert par la résolution 425 du conseil de sécurité qui exige son retrait du Sud Liban. La région est restée sous contrôle israélien après le retrait des forces israéliennes du Sud Liban en 2000.
Cette décision est basée sur la ligne de démarcation franco-anglaise de1923 et sur la ligne d’armistice de 1949 qui désignent la région comme territoire syrien

L’ONU a décidé que cette région ne fait pas partie du Liban ,et que les prétentions libanaises sur les fermes de Chebaa sont donc  illégitimes. Dans son rapport adopté le 23 mai par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Kofi Anan précise que ce territoire, qui couvre 25 km2, relève de la Force des Nations Unies pour le désengagement syro-israélien et n’est par conséquent pas inclus dans les lignes du retrait israélien du Sud-Liban.

La Syrie ayant restitué les fermes en 1964 estime ce territoire comme libanais. 

Rfi, Chebaa : les fermes de la discorde, Olivier Da Lage, 06/06/2000



RAPPEL… LES ENJEUX

La reconnaissance de l’Etat d’Israël: D’emblée refusée par les pays arabes, il faudra attendre les négociations d’après Guerre du Kippour pour voir les premières reconnaissances d’Israël par des Etats arabes.

La question de l’eau : « Sans un accord pour l’eau, il n’y aura pas d’accord.» Yitzakh Rabin

La Palestine est située dans une zone aride, un seul fleuve pérenne la traverse : Le Jourdain. Il prend sa source sur le Mont Hermon puis s’écoule sur 360 km jusqu’à la mer morte en passant par le Lac Tibériade. Un de ses principaux affluents est le Yarmouk qui constitue la frontière entre la Syrie et la Jordanie.

Il existe trois nappes aquifères : l’une côtière entre Tel-Aviv et Gaza, l’autre autour d’Haïfa et la plus grande en Cisjordanie

Fleuve Jourdain Aquifères

La question religieuse : « La Bible n’est pas un cadastre » Yitzakh Rabin

La Palestine constitue les berceau des trois religions monothéistes ( Judaïsme, Christianisme et Islam), Jérusalem est la ville « trois fois sainte » puisqu’on y trouve les lieux Saints de chaque religion : le Mur des Lamentations (dernier vestige du mur d’enceinte du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode), le Saint-Sépulcre (tombeau du Christ) et le Dôme du Rocher troisième lieu Saint de l’Islam, sanctuaire érigé à la demande du calife Abd al- Malik ben Marwan). La ville est revendiquée par les Palestiniens et les Israéliens.

La question territoriale : Le mouvement sioniste débute à la fin du XIXeme siècle en Europe en réaction aux persécutions subies par le peuple juif (notamment les pogroms dans l’Empire Russe), une des figures de ce mouvement est Théodore Herzl, le sionisme – terme tiré du Mont Sion sur lequel est bâti Jérusalem- préconise un retour vers Ertz Israël (la Terre d’Israël). Cette immigration quoi que limitée se heurte aux protestations des populations arabes de Palestine et prend une ampleur considérable après le génocide de 6 millions de juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale ( Shoah). La Palestine est à cette époque un mandat britannique. L’épisode de l’Exodus (parti de Sète avec 4700 juifs) marque les esprits. Le Royaume-Uni arraisonne le navire et refoule avec violence les immigrés. Le choc provoqué par la Shoah et la violence qui se développe en Palestine engagent l’ONU sur un plan de partage voté le 30 novembre 1947 .Ce plan de partage attribue un territoire aux Arabes palestiniens, un territoire aux Juifs et place Jérusalem sous autorité de l’ONU. Le partage se veut équitable en matière de surface territoriale mais aussi d’accès aux ressources en eau et aux mers. Cependant, ce partage est d’emblée refusé par les pays arabes.

NB: La situation de l’Autorité Palestinienne fera l’objet d’un post ultérieur

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2 réponses à 2- Israël-Palestine…la Paix!?

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