Cyclone NARGIS…le peuple birman abandonné.


Olivier Laban-Mattei, Nargis, Birmanie, 2010.

Cette photo a été prise par Olivier Laban- Mattei, le  16 Mai 2008, après le passage du cyclone Nargis dans un village birman près de Kyauktan, dans le delta de l’Irrawaddi, au sud de Rangoon.il obtient un visa touristique en Birmanie avec sa compagne, rédactrice à l’agence, et effectue un reportage sur les ravages d’un cyclone. L’AFP n’avait pu lui obtenir un accès, barrée par la junte militaire du pays. Ce reportage lui vaut le troisième prix dans la catégorie Actualité générale, au palmarès du prestigieux World Press Photo.

Le cyclone Nargis, de catégorie 3 a frappé la Birmanie le 2 Mai 2008, accompagné de vents violents de près de 210km/h il a entraîné une catastrophe d’autant plus grave que la junte birmane a refusé d’ouvrir ses frontières pour recevoir de l’aide extérieure. La population a été abandonnée. Le bilan est de 85 537 personnes tuées et 53 836 personnes disparues. Ce cyclone est la plus grande catastrophe naturelle de ce pays. La ville de Fogday est de loin la plus touchée avec 10 000 morts dans cette seule localité du Sud-ouest du pays où 95 % des habitations ont été détruites. Le cyclone a dévasté la principale région rizicole de Birmanie où vivent 24 millions de personnes, soit près de la moitié de la population totale.
Cette photographie représente les membres d’une famille qui se retrouve sur les ruines de leur maison détruite par le cyclone. Elle est une prise en plan moyen et en couleurs. Celles-ci sont sombres et délavées. Le ciel est menaçant, l’environnement gris et dévasté. C’est un plan d’ensemble. Cette photo montre un portrait de famille qui semble on ne peut plus classique…un père, une mère, leur enfant posent devant leur maison…mais rien n’est normal…leur maison est réduite à néant, il y a des débris partout. Le photographe nous interpelle…comment survivre et rester debout quand on a tout perdu ? Il s’interroge lui-même nous avons retenu son témoignage dans le livret de Visa pour l’Image consacré à son exposition « Le jour où tout a basculé »….
« La petite embarcation qui m’a amené à eux accoste enfin après plusieurs heures de navigation dans ce labyrinthe de canaux en plein cœur du delta de l’Irrawaddy. Femmes, hommes enfants se pressent autour de la barque pour atteindre la nourriture que leur ont apportée leurs compatriotes. Abandonnés par le gouvernement (…) ils ne peuvent compter que sur leur solidarité pour espérer survivre (…) Je constate la désolation des lieux, le village n’existe plus. Rayé de la carte. La vague sui a suivi le cyclone a tout emporté sur son passage. Un homme se tient là, debout devant les ruines de sa maison, le sourire aux lèvres. Je m’en étonne. Saw Htu me raconte son histoire. La vague lui a volé sa femme, ses enfants, ses parents, ses parents, sa maison, son bétail. Le riz qu’il a fait pousser est pourri par l’eau de mer. La récolte est perdue. Et pourtant, ce sourire sur son visage buriné…Pourquoi ? Je m’interroge et lui pose finalement la question. Il me répond : « la vague m’a tout pris, tout. Je n’ai plus rien. Devrais-je aussi perdre mon sourire, alors que c’est la seule chose qui me reste ? (…) Que ce soit à Gaza, en Haïti, en Irak, en Géorgie en Birmanie ou en Iran, j’ai rencontré les mêmes destins tragiques, et toujours cette même dignité et ce même courage face à l’horreur. Partout dans le monde, des hommes et des femmes luttent pour leur survie ou leur liberté, et sont plongés dans un enfer dont ils savent qu’ils ne sortiront pas indemnes»
Nous vivons dans des univers assez confortables malgré les difficultés personnelles , ailleurs la vie est autrement plus terrible et les hommes ont une faculté de résistance inouïe.

Shana Krygier, Lac Melissa 2de 03 Lycée François Arago, Perpignan, années 2010-2011.

POUR APPROFONDIR

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LA BIRMANIE
La Birmanie ou Myanmar est un pays du Sud-est Asiatique situé dans la péninsule indochinoise. Ce pays, d’une superficie de 678 500 km², est limité au nord par la région autonome du Tibet, à l’est de la Chine, le Laos et la Thaïlande, au sud par la mer d’Andaman et le golfe du Siam, et à l’ouest par l’océan Indien, le golfe du Bengale, le Bangladesh et l’Inde. Population : Totale 47 758 180 habitants. La Birmanie est dirigée depuis 1962 par une dictature militaire terrible. Le président actuel est Than Shwe et le premier ministre Thein Sein. Elle réprime très durement toute expression de tous les opposants politiques comme Aung San Suu Kyi. Jusqu’en Février 2006, la capitale de l’État était Rangoon située dans le Sud, mais depuis le 27 Mars 2007 la capitale a été déplacée à Naypyidaw, dans le centre du pays. Le PIB est de 27 milliards de dollars et l’IDH 0,583 (132eme rang)
Cyclone
Un cyclone tropical est une perturbation atmosphérique occasionnant des vents tourbillonnants et des pluies diluviennes. Il se forme sur les océans tropicaux, marée et tempêtes. Le cyclone se caractérise par une énorme masse nuageuse, d’un diamètre moyen de 500 km pouvant dépasser 1000 km. Organisé en bandes spiralées qui convergent vers un anneau central c’est la partie la plus active du cyclone ; les pluies y sont torrentielles et les vents très violents. Au cœur de cet anneau se trouve l’œil zone d’accalmie où le vent est fiable et le ciel généralement nuageux.

Olivier Laban Mattei

Olivier Laban Mattei est né en 1977. Il a grandit à Paris où il a étudié la géographie et la sociologie. Il devient photographe à titre personnel après avoir été influencé par les photos de la Guerre du Vietnam. Puis il commence à travailler en 1999 en tant que photographe dans une agence de presse. Après un passage par l’AFP il est aujourd’hui dans l’agence Polaris.

Il a gagné de nombreux prix : En 2006, il obtient le premier prix pour le meilleur reportage de l’année par Paris Match. 2007 Bendrihem’s prize pour une photographie de Sarkozy pas encore Président. 2009 3ème au World Press et nommé au Festival international de photojournalisme de Gijon. 2010 deux fois nommé au « Pictures of the year international », au « Days Japan », au World Press Photo, à Fotoweek, à Bayeux.

En novembre 2010 il décroche pour la seconde fois le « Grand prix Paris Match du reportage photographique » pour sa série sur le tremblement de terre en Haïti.

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