Ekifire: les demi-morts, Frédéric Noy.

ekifireEKIFIRE, Les demi-morts. Frédéric Noy

 

© Frédéric Noy / Agence Cosmos

 

Dans le cadre de l’Education Morale et Civique les élèves de seconde et première ont travaillé sur la question des discriminations et plus précisément sur  l’Homophobie en Afrique grâce à la série Ekifire les demi-morts découverte à Visa pour l’image 2016. Leur rencontre avec le photographe Frédéric Noy a été un moment fort.

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…et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est crucial d’aborder ce sujet!…parce que c’est un problème mondial de premier plan et parce que même dans un pays comme la France l’homophobie est trop souvent banalisée.

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Voici le travail d’Axel Philippe, Emilie Piasco, Tristan Diesner, Emilie Dirninger, Faliez Léo; élèves de 2de13 Lycée François Arago. Perpignan. 2016-2017

VOCABULAIRE

LGBTIQAAP+: Lesbienne/ Gay/ Transsexuel/Intersexuel/ Queer/Asexuel/ Agenre/Pan

L’homophobie  se définit comme une atteinte à toute personne homosexuelle. Comme d’autres discriminations, se distingue à trois échelles. C’est un tabou familial, social et d’Etat.

L’homophobie se manifeste par une hiérarchie de la violence exercée à l’encontre des LGBTI

-indifférence au sort des LGBTI…et oui l’indifférence est déjà le début de la discrimination car laisser faire…c’est déjà accepter l’inacceptable

-humiliation par le geste, la parole ou les écrits

-violence verbale ou physique, rejet, persécution.

-pénalisation/délit (amendes)

-criminalisation/délit ( prison)

-exécution  peine de mort)

Nous voyons à ce titre que l’Afrique est particulièrement touchée par l’homophobie car c’est un tabou sexuel, social et politique entretenu…

Nous avons choisi de travailler sur la série Ekifire, les demi-morts de Frédéric Noy , réalisée sur plusieurs années  et dans plusieurs pays d’Afrique; Le photographe a réussi à entrer dans le tabou le plus lourd de l’Afrique et dénoncer une situation inhumaine.

Malgré les progrès apportés, l’homosexualité et l’appartenance à la communauté LGBT+ reste, même dans les pays les plus tolérants à ce sujet, en majorité un tabou social et familial. Pour beaucoup de parents, cela reste un « effet de mode » dont leurs enfants sont témoins ou victimes. On le remarque d’autant plus pour l’homosexualité chez les hommes qui, dans l’archétype de la famille, doivent  tenir une place forte, centrale, « masculine » (?!)…à qui on attribue des fonctions ou valeurs « viriles »: protection, force, sécurité…

De nombreux Etats  considèrent l’homosexualité (surtout masculine) comme un délit passible de peine de prison, voire de mort: l’Arabie saoudite, la Somalie ou encore l’Ouganda. En France, la situation est normalisée même si on constate la persistance de l’homophobie dans certaines franges de la société qui se sont manifestées avec outrance en janvier 2013, lors de la  « Manif pour tous » luttant contre le projet de loi du mariage pour les personnes du même sexe.
Néanmoins, Frédéric Noy a centré sont travail sur certains pays d’Afrique où discriminations du groupe LGBT+ sont nombreuses. C’est un travail remarquable et difficile qui demande une bonne connaissance des sociétés africaines, du temps et du tact.. Il fallait gagner la confiance des personnes et les respecter pour ne pas déformer le message.  Frédéric Noy y parvient parfaitement. En effet, les LGBT d’Afrique subissent encore des discriminations qui peuvent aller d’un rejet de la société à des violences bien plus graves. Il fallait dénoncer cela. 

Ce sont principalement les pays d’Afrique qui sont touchés par la discrimination.

On peut en effet voir sur la carte que la plus grande majorité du continent Africain a une législation homophobe qui va d’une peine d’emprisonnement de moins de 10 ans à dans plusieurs de ces pays la peine de mort pour le simple d’avoir des attirances différentes de ce qui est considérée comme la « norme ». Il y a 11 pays qui ont choisi la peine de mort comme législation, ce qui est aujourd’hui énorme.  Les tabous mais aussi les clichés écrasent la communauté LGBTI+. Le gouvernement ougandais considère l’homosexualité comme « la connaissance charnelle contre l’ordre de la nature ». La communauté LGBTI lutté pour faire reconnaitre ses droits malgré les risques car  les discriminations, maltraitance, violence envers les LGBT+ ne sont pas  punis par la législation.

 Le pays qui sort du lot, c’est l’Afrique du Sud puisqu’ il a été un des premiers pays à adopter le mariage pour les personnes de même sexe. Par contre, on voit qu’en pratique les homosexuels sont toujours persécutés et notamment les lesbiennes car le tabou social reste lourd malgré les progrès des lois. Et donc on voit qu’au-delà d’adopter des lois, il y a toute une éducation à faire pour que les gens comprennent réellement que c’est l’homophobie qui est un crime, et pas homosexualité!

Nous avons choisi comme première photo, celle  de Bobette, prise à Kigali, capitale du Rwanda, un des rares pays africains qui ne fait pas de l’homophobie un délit…or malgré tout cela, la photo montre que ce n’est pas si simple…

« L’Homosexualité n’est pas la préoccupation du Rwanda  » selon le Président Paul Kagame…phrase bien ambigüe…

Bobette, transsexuelle travesti ouvre le volet de sa chambre, dans sa minuscule maison dans un quartier de Kigali. Un jour, un policier contrôle ses papiers afin de savoir s'il est garçon ou fille. "Garçon" lui répond-t-il. Le policier lance alors : " Pourquoi tu ressembles à une fille ? - Je suis né ainsi." Il l’envoie s’assoir. Après un moment, Bobette tente de récupérer sa carte. Le policier la déchire devant lui et le chasse du poste. Sachant que s'il proteste ou reste là, il risque d'être emprisonner, Bobette s'en va. Quand il va refaire sa carte auprès de l'administration, il ment de peur de dire qu'un policier a déchiré le document. Les services de l'identité font traîner les choses, l'obligent à revenir à de nombreuses reprises et ne se lassent de le regarder de travers. "On s’interroge sur mon sexe. Je suis leur sujet de conversation", se souvient-il.

Bobette, transsexuelle travesti ouvre le volet de sa chambre, dans sa minuscule maison dans un quartier de Kigali. Un jour, un policier contrôle ses papiers afin de savoir s’il est garçon ou fille.
« Garçon » lui répond-t-il.
Le policier lance alors :  » Pourquoi tu ressembles à une fille ?
– Je suis né ainsi. »
Il l’envoie s’assoir. Après un moment, Bobette tente de récupérer sa carte. Le policier la déchire devant lui et le chasse du poste. Sachant que s’il proteste ou reste là, il risque d’être emprisonner, Bobette s’en va. Quand il va refaire sa carte auprès de l’administration, il ment de peur de dire qu’un policier a déchiré le document. Les services de l’identité font traîner les choses, l’obligent à revenir à de nombreuses reprises et ne se lassent de le regarder de travers. « On s’interroge sur mon sexe.
Je suis leur sujet de conversation », se souvient-il.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Frédéric Noy / Agence Cosmos

Cette photo résume tout le drame qui se joue pour la communauté LGBTI en Afrique. Vivre son identité à huis clos ou risquer de l’afficher…et risquer sa vie. Se voir et être vu. Avoir un avenir…ou pas. Tout se lit dans une composition en jeux de miroirs et de faux-semblants.

La photo est découpée en deux parties symétriques: à droite la vie réelle, à gauche la vie brisée, au centre une fenêtre ouverte mais dont toute la mulière est bouchée. Un volet rectangulaire et opaque pour ce (-ux) qu’on ne (p-)veut pas voir, une affiche rectangulaire avec une chanteuse glamour au second plan pour (ce-lle qu’on ne peut pas être).

La tonalité de la pièce est verte comme quelque chose qui rend malade, qui évoque un mal être. La touche de couleur chaude est donnée par un châle rouge…comme une bravade pour dire ce que l’on est…et qui souligne la bravade du regard qui affronte l’extérieur.

Le visage émacié, le corps sec de Bobette souligne sa souffrance morale et physique.

 

Bobette, transsexuelle travesti ouvre le volet de sa chambre, dans sa minuscule maison dans un quartier de Kigali. Un jour, un policier contrôle ses papiers afin de savoir s'il est garçon ou fille. "Garçon" lui répond-t-il. Le policier lance alors : " Pourquoi tu ressembles à une fille ? - Je suis né ainsi." Il l’envoie s’assoir. Après un moment, Bobette tente de récupérer sa carte. Le policier la déchire devant lui et le chasse du poste. Sachant que s'il proteste ou reste là, il risque d'être emprisonner, Bobette s'en va. Quand il va refaire sa carte auprès de l'administration, il ment de peur de dire qu'un policier a déchiré le document. Les services de l'identité font traîner les choses, l'obligent à revenir à de nombreuses reprises et ne se lassent de le regarder de travers. "On s’interroge sur mon sexe. Je suis leur sujet de conversation", se souvient-il.

Comme deuxième photo nous avons choisi celle de Duchesse dans un cimetière de Bujumbura, capitale du Burundi qui considère les LGBTI comme des délinquants risquant une lourde peine de prison.

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-Yves dit Duchesse, un activiste de la communauté gay de Bujumbura se recueille sur la tombe de Georges Kanuma, ardent défenseur de la cause LGBTI décédé le 14 Avril 2010, à 38 ans. Il est un de ceux qui donna le courage à la majorité des gays burundais de sortir du placard. | © Frédéric Noy / Agence Cosmos

L’image est prise en légère plongée ce qui souligne les lignes des tombes. duchesse se recueille sur la tombe de George Kanuma, décédé en avril 2010 d’une crise de paludisme un an après le vote de la loi pénalisant de prison les relations homosexuelles.

« Tant que je serai en vie, je me battrai pour le respect des droits des homosexuels, qui souffrent, meurent, se suicident parce qu’ils ont une orientation sexuelle naturellement différente. » Georges Kanuma, qui se confiait en ces termes à TÊTU le 25 février 2010

L’ensemble compose un « jeu en croix » qui rappelle la mort que risquent ceux qui font leur coming out ou qui militent pour la cause LGBTI.

frederic-noy-homosexualite-afrique-01 - Copie

 

 

 

 

Pour approfondir

www.fredericnoy.com

Rapport d’Amnesty International sur l’homophobie:  « Quand aimer devient un crime »

https://www.amnesty.org/en/latest/news/2013/06/rising-levels-homophobia-sub-saharan-africa-are-dangerous-and-must-be-tackled/

Interview de Fréderic Noy:

http://www.oai13.com/sexualite/en-afrique-de-lest-les-lgbti-se-battent-pour-exister/

La Russie et l’homophobie

articleLGBTtchet

www.homophobie.org

licorne du genre

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