Darfour… l’Espoir?

© Stanley Greene / NOOR  (www.noorimages.com).

Le troisième conflit  du Darfour ( 2002-2003) est une  guerre civile qui aurait fait 100 000 victimes, selon  le gouvernement soudanais, certains pays ainsi que l’ONU avancent, à juste titre, que ce conflit aurait couvert un génocide ayant fait environ 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés dont 230 000 réfugiés au Tchad. Aujourd’hui, une lueur d’espoir éclaire peut-être l’avenir de cette région.

« J’’ai commencé cette recherche pour essayer et comprendre le contexte de la tragédie de Darfour. La grande diaspora de Darfour a commencé il y a plus de cinq ans, au printemps 2003, quand le gouvernement du Soudan, mené par un régime  fondamentaliste arabe, a lancé une campagne pour écraser le soulèvement par des fermiers noir- Africain  du Darfour »Stanley Greene

© Stanley Greene / NOOR (www.noorimages.com)Dans cette série de  photos sur le Darfour Stanley Greene ne se contente pas de proposer un récit de photojournalisme « classique », il propose un regard très singulier, techniquement très travaillé qui permet d’appréhender avec plus de force la tragédie du Darfour.  Il propose une série en couleurs, mais celles-ci sont très exposées, bougées et vignettées.

Ces choix artistiques audacieux rendent des photos à dominante jaune et  dont les couleurs interfèrent entre elles. Les sujets semblent noyés dans un mouvement qui leur échappe puisqu’ils sont eux-mêmes statiques. Cet effet de mouvement n’est pas sans rappeler les portraits de Francis Bacon qui soulignent l’horreur de la nature humaine, le fait que l’homme soit un prédateur pour lui-même. Mais ici la portée du procédé est inversée. Les sujets sont comme happés par une tragédie qui les dépasse et dont ils sont, jeunes, femmes, hommes, vieillards, tous victimes. Les prédateurs sont ailleurs. Le vignettage accentue le sentiment de regarder un drame qui nous échappe par  un petit trou de  serrure…Stanley Greene nous donne à voir par son regard. Les photos de Stanley Greene confinent parfois à l’abstraction, ces choix esthétiques sublimes ne retirent rien à la dimension journalistique de la photo. La beauté d’une photo ne cède rien à sa puissance… au contraire elle  porte le propos au plus profond de la réflexion et du sentiment.

Le 7-8 Février 2011. Les résultats du référendum  se sont prononcés à 99% pour l’indépendance du Sud Soudan , Omar el Béchir, président su Soudan accepte la sécession. Un pays indépendant naîtra au Sud Soudan en juillet  2011. Cependant les tensions ne disparaissent pas pour autant puisque la négociation pour les revenus du pétrole risque d’être difficiles … l’essentiel des ressources pétrolière étant dans le sud mais l’oléoduc étant contrôlé par le Nord)

Laetitia Canal-Cologni

© Stanley Greene / NOOR  (www.noorimages.com).

POUR APPROFONDIR

http://www.noorimages.com/photographers/stanleygreene/showcase/empire-of-dirt/slideshow/

Stanley Greene

Ancien Black Panther né à New York en 1949, Stanley Greene se lance dans la photographie après sa rencontre avec Eugène Smith, l’un des plus grands et des plus anciens photojournalistes, dont il remportera d’ailleurs le prestigieux prix en 2004, pour son reportage sur la guerre en Tchétchénie. D’abord photographe de mode, il se spécialise, pour l’agence Vu qu’il  rejoint en 1991, dans les reportages durs, sur la misère, la guerre en Afrique, en ex-URSS, en Asie, en Amérique Centrale ou au Moyen-Orient. Il participe avec d’autres photographes à la création de l’agence Noor en 2007, en affichant une ligne éditoriale pure : un retour à l’essai photographique comme genre à part entière. Stanley a remporté trois World Press.

2008 Open Society Institute
2004 Eugene Smith Humanistic Grant
2002 Prix Scam Roger Pic “Chechnya, The Open Bleeding Wound.”
2001 World Press Photo
2000 “The Forgotten Victims of the Chechen War” (Third Prize, “Portraits”)
2000 The Prix Bayeux of War photographers “Forgotten Victims,”
1998 Alecia Patterson fellowship. Pictures of the Year
1998 Alicia Patterson Foundation Fellowship Award given to document the Caspian Sea region and the search for oil,
1993 World Press Photo, for reportage on “Moscow Putch” (Second Prize for “Spot News,” and Third Prize for “General”)

SOUDAN

Le Soudan est un pays de l’est de l’Afrique. Capitale Khartoum. Bordé par la Libye et l’ Egypte au nord, la mer Rouge, l’ Erythrée et l’Ethiopie à l’est, le Tchad à l’ouest, l le Kenya, l’ Ouganda et la République démocratique du Congo au sud, la République centrafricaine, c’est le pays le plus étendu du continent africain, devant l’Algérie. C’est une république islamique dirigée par Omar el Béchir. La population est de 40 millions d’habitants (transition démographique en cours). Les deux langues officielles du pays sont l’arabe et l’anglais et d’autres langues dont les plus importantes sont le dinka, le peul et le nuer.

Le Soudan est un pays majoritairement peuplé au nord d’Arabes musulmans; cependant, en pratique le gouvernement soudanais traite l’islam comme la religion d’État et applique la Charia.  Les musulmans se concentrent dans le Nord du pays où la charia est en vigueur. Le Sud (Darfour) est peuplé  de musulmans mais surtout d’animistes et de chrétiens qui se sont affranchis du régime islamique et par conséquent de la charia

Darfour

Le Darfour est une région du Sahel qui se trouve à l’ouest du Soudan : 5 à 6,1 millions de personnes y vivent ; la région a un très faible niveau de développement : seulement un tiers des filles (pour 44,5 % des garçons) vont à l’école primaire.

La découverte du pétrole dans cette région a suscité les convoitises. Si le conflit a largement été décrit en termes ethniques et politiques, il s’agit aussi d’une lutte pour les ressources pétrolières situées au sud et à l’ouest.

Quatre peuples principaux sont installés au Darfour : les Fours, qui ont donné leur nom au Darfour, qui signifie en arabe la maison de Four, les Masalits, les Zaghawas et les Arabes.

Les enjeux et les causes du chaos au Darfour

1.  Problème climatique et environnemental : depuis les années 70 la sécheresse sévit dans tout le Sahel amplifiant la désertification

2. Problème démographique, la population a doublé en 20 ans.

3. Problème territorial : Une compétition pour l’espace géographique.

4. Problème ethnique et religieux : Des ethnies différentes, des populations essentiellement animistes ou chrétiennes.

5. Problèmes géopolitiques : Les guerres du Tchad (1960-1990) et qui impliquaient les Zaghawas (ethnie étendue du Tchad au Soudan) ont une conséquence directe sur le Soudan[]

6. Problème pétrolier : La découverte de ressources pétrolières qui suscitent les convoitises de grandes puissances, en particulier de la Chine

7. Problème politique interne : Un pays vaste et mal unifié, le Soudan. Le pouvoir central néglige les peuples de la périphérie qui se révoltent. Il contrôle les conflits locaux afin de satisfaire certains de leurs intérêt[8].

Le pétrole (source www.lesafriques.com)

« Le pétrole a été la malédiction du Soudan », a écrit un jour l’écrivain soudanais Djamal Mahjoub, évoquant le déclenchement de la guerre civile dans le Sud, au milieu des années 80, après la confirmation de son potentiel pétrolier. Depuis, du pétrole a été trouvé ailleurs dans le pays, comme par exemple dans le Darfour. D’importantes autres découvertes devraient être faites dans le Nord-Est et le Nord-Ouest. La rivalité entre les puissances intéressées par le secteur de l’énergie soudanais, principalement les Etats-Unis, la France et la Chine, Réserves prouvées

Mais, en attendant l’entrée en production de nouveaux gisements, le Soudan est déjà un « pays pétrolier ». Selon Oil and Gas Journal, cité par le Département américain de l’énergie (DoE), ses réserves prouvées étaient estimées en 2007 à 5 milliards de barils, ce qui le classe au 5e rang à l’échelle africaine, entre l’Angola (8 milliards) et l’Egypte (3,5 milliards). Ces réserves n’étaient que de 1,6 milliard de barils en 2005, affirme le site des statistiques mondiales, Index Mundi. Faut-il voir dans leur quadruplement en l’espace de deux ans une raison de l’intérêt croissant des grandes puissances pour ce pays ?

La production soudanaise de pétrole brut ne cesse d’augmenter elle aussi. De quelque 75 000 barils en 1999 elle est passée à 414 000 en 2006, selon le DoE. Les revenus pétroliers constituaient en 2006, souligne la Banque africaine de développement, 60% des revenus de l’Etat et 95% des revenus des exportations. Fouetté par le pétrole, le PIB a fait d’énormes bonds : 5,10% en 2003, 8% en 2006 et 12,8% en 2008 (source : Index Mundi). Le PIB par habitant a suivi naturellement : il a presque doublé entre 2003 et 2008 (2500 dollars contre 1420).

Une ombre chinoise sur la carte

L’ensemble de ces éléments permet de conclure que le Soudan, au moins potentiellement, n’est plus le pays pauvre que continuent d’évoquer les médias. Or, si cette vérité est tue, c’est que les grandes puissances ne veulent pas que l’opinion mondiale découvre que la « cause du Darfour » est aussi une « cause du pétrole ». Les richesses pétrolières du Soudan sont mises en valeur essentiellement par les Chinois. La compagnie CNPC est majoritaire (40%) dans Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC) qui exploite le bloc 1, à l’ouest du Nil blanc ; le reste des actions de la GNPOC se partagent entre Petronas (Malaisie, 30%), ONGC (Inde, 25%) et Sudapet (Soudan, 5%). La même compagnie chinoise est présente dans les blocs 3 et 7 à l’est du Nil blanc, et exploite le bloc 6 qui s’étend jusqu’au Darfour du Sud. La Chine est, naturellement, le principal acquéreur du pétrole soudanais (80%), qui constitue 6% de l’ensemble de ses importations pétrolières. La mainmise de la Chine sur le secteur énergétique soudanais autorise à penser que la campagne occidentale contre Omar Al Bachir est aussi une campagne antichinoise. Le but est de signifier aux nouveaux venus en terre d’Afrique que leur position y sera inconfortable tant qu’ils n’accepteront pas de lâcher du lest sur d’autres dossiers litigieux en négociations avec les Etats-Unis et l’UE.

Le référendum sur le statut final du Sud approche

Les Etats-Unis, eux, sont complètement absents du secteur de l’énergie soudanais. Ils n’y ont même pas la présence modeste du Canada ou de la Suède. Le groupe américain Chevron a dû quitter le Sud-Soudan en 1985 après le déclenchement de la rébellion de l’APLS. Depuis 1997, les sanctions économiques ont rendu illégaux les investissements US dans le pays. Comme ils ont soutenu l’APLS, les Etats-Unis soutiennent les rebelles darfouris, qui aspirent eux aussi à un partage des ressources pétrolières de leur province avec le gouvernement central.

La France, qui avait pris le parti d’Omar Al Bachir contre l’APLS, s’est aujourd’hui alignée sur la position américaine, ce qui explique, entre autres raisons, l’hostilité de Khartoum envers son allié tchadien. En outre, la volonté de la CPI de juger le président soudanais annonce des développements rapides de la situation au Soudan : la perspective de la sécession du Sud pétrolier est encore une fois ouverte et les Français ne désespèrent pas de récupérer le « bloc 5 » (extrême sud) que Total-Fina-Elf a dû abandonner au début de la guerre civile.

En effet, les appétits des puissances occidentales sont d’autant plus aiguisés qu’approche le référendum sur le statut final du Sud, prévu par les accords de paix signés en 2004 par Omar Al Bachir et John Garang. Lors de ce référendum, qui aura lieu en 2012, les Sud-Soudanais décideront s’ils désirent l’indépendance ou leur rattachement définitif à Khartoum. Une sécession signifiera que les revenus du pétrole du Sud n’alimenteront plus les caisses de l’autorité centrale. Elle signifiera, surtout, que les contrats pétroliers seront négociés avec un gouvernement APLS, bien disposé envers les USA. n’en est que plus accrue.

GUERRES ET GENOCIDES…encore et toujours

Le premier conflit du Darfour (1987-1989) a eu lieu en raison des tensions ethniques, entre les Fours et les Arabes. Dans cette guerre, le gouvernement central n’intervient presque pas.

Le deuxième conflit eut lieu entre 1996 et 1998. Cette fois, ce sont les Masalits qui se soulèvent contre les empiétements des Arabes.

Troisième conflit 2002-2003, l’opposition au président soudanais Omar el-Béchir fait entendre sa voix. Au Darfour, des attaques antigouvernementales ont lieu en janvier et sont revendiquées par la SLA. En représailles, Khartoum laisse agir les milices arabes (les Janjawids dirigés par Choukratalla, ancien officier de l’armée soudanaise) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Les populations sont victimes de bandes armées. Des observateurs humanitaires et diplomatiques accusent le gouvernement d’avoir armé et payé les Janjawids.

Les forces en présence sont :

  • Les Janjawid, des milices désignées comme arabes recrutées parmi les tribus Abbala. Le gouvernement soudanais nie fournir une aide aux miliciens. Selon Amnesty International, la Chine et la Russie fourniraient au gouvernement soudanais armes et appareils militaires, malgré un embargo de l’ONU.
  • Les forces de sécurités soudanaises
  • Les forces « rebelles » : Armée de libération du Soudan (SLA) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). Le SLA aurait le soutien de l’armée populaire de libération du Soudan (appelée SPLM et soutenue par les États-Unis). Basé au Sud du Soudan, ce mouvement s’oppose au gouvernement central basé au nord.
  • Les forces d’interposition : environ 7 000 soldats de l’Union africaine (UA) ont été déployés pour protéger les civils. Leurs actions ont été considérées comme inefficace. La création de la Mission conjointe des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD, UNAMID en anglais) a été décidé en juillet 2007 pour renforcer les effectifs des forces d’interposition..

Reférendum  pour une sécession

Quelque 3.932.588 d’électeurs étaient inscrits sur les listes en vue de ce référendum historique qui s’est déroulé du 9 au 15 janvier 2011. Environ 96% de ces électeurs ont exercé leur droit de vote. Les antennes locales de la commission référendaire du Sud-Soudan ont commencé, ce mercredi, à publier leurs résultats préliminaires.

Selon des données de l’AFP, l’option en faveur de l’indépendance du Sud-Soudan avait déjà réuni 2.198.422 de voix. Ces résultats préliminaires créditent l’indépendance d’environ 99% des voix, un chiffre qui devra toutefois être confirmé

Dans l’Etat pétrolier d’Unité, plus de 471.000 votants sur 472.000 bulletins dépouillés ont préféré la sécession, alors que dans l’Etat voisin du Bahar al-Ghazal Nord, 264.473 sur 265.450 (99,6%) ont opté pour l’indépendance, selon des résultats préliminaires partiels obtenus auprès des commissions locales.

(Source AFP)

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