LES CHIFFRES ONT UN VISAGE… lumière sur les sans-papiers en France

Copyright Bertrand Gaudillere, collectif Item, Lyon.

Légende. Fin 2008 le gouvernement français se targue d’avoir procédé à 29 796 expulsions de sans papiers dans le courant de l’année écoulée. Le ministère de l’immigration et de l’identité nationale a fait preuve d’application !
On parle de dossiers, de situations administratives, de procédures, de textes de lois… jamais de personnes, de parcours, de familles ou de vies. 

TRAVAIL EFFECTUE PAR MELINA RAMOS ET OCEANE FOURCADE (1°S3) en 2011

ANALYSE DE LA PHOTO

Cette photo est prise de face à hauteur d’enfant, avec un plan taille pour l’enfant. Le père est volontairement « coupé » à partir de la taille pour focaliser l’attention sur l’enfant et pour rendre le père anonyme comme tous les sans-papiers qui n’ont pas d’identité au propre comme au figuré). Le cadrage est classique avec des lignes de force suivant le quadrillage de la règle des tiers, et des points de force où l’on trouve les éléments principaux du cliché. Gaudillère ne respecte pas exactement la rigueur du quadrillage, il déséquilibre volontairement sa photo. En effet la seconde ligne horizontale est centrée, et sur la gauche, on trouve 3 lignes verticales faisant ressortir les 3 points principaux de la photo : les yeux de l’enfant ainsi que sa main gauche tenant celle de son père. Cette photo donne à réfléchir sur le statut d’étranger, d’immigré et de sans-papiers nous avons cherché quelques chiffres qui tordent le cou aux préjugés dans notre manuel de géographie. Par ailleurs, cette photographie suggère le drame social  qui sous-tend cette politique d’expulsion des sans-papiers…on arrache des personnes qui travaillent et vivent en France dans des conditions souvent très difficiles pour les expulser vers un territoire qu’ils ne connaissent pas ou plus et dans lequel, parfois, il seront en danger. On arrache des parents à leurs enfants. Cela nous a fait réfléchir sur la notion de droits de l’homme… Liberté-égalité-fraternité…résonnent à vide dans le dossier des sans-papiers….
Cette photo a été retirée de la série « Les chiffres ont un visage » par Bertrand Gaudillère car il estime que toute l’attention des gens qui voient cette image se porte sur l’enfant, les attendrissent et les éloignent du vrai message que veut faire passer le photographe.  Il veut que ses photographies ne soient pas « polluées » par la condescendance. Celui-ci propose des séries de photographies dont les sujets sont toujours engagés ce qui n’est pas toujours facile à gérer. En effet, il peut rencontrer des difficultés pour exposer ses photos. «Mon travail est politique, mon but, c’est d’interroger les lois de la République, de faire réfléchir» déclare-t-il sur cette série.

Cette même série qui a fait polémique lors de son exposition dans une bibliothèque de Lyon:

«Les chiffres ont un visage» a été victime de la pression d’un groupe d’extrême-droite… nous dit l’article du 24 septembre 2009 dans 20 minutes.fr
« Annoncée pourtant dans le magazine Topo, l’expo de photos n’aurait pas plu à un groupuscule d’extrême droite, «les jeunesses identitaires lyonnais», nous explique le photographe. Ces derniers l’ont en effet fait savoir sur leur site Internet, dénonçant «cette collaboration entre un établissement public et une organisation d’extrême gauche soutenant des délinquants en situations irrégulière». Contacté par 20minutes.fr, Arnaud Delrieux, membre de l’association, explique avoir été «choqué qu’une manifestation dans un lieu public accueille des clandestins, qui sont des hors-la-loi».
A l’appel de cette organisation, mercredi, la bibliothèque aurait été inondée de mails, coups de téléphone et fax, dénonçant une exposition trop «politique». Ce qui, selon Arnaud Delrieux, aurait entraîné la fermeture de l’exposition. »
Finalement Bertrand Gaudillère apprend, le jeudi après-midi, que le vernissage aura lieu et que l’exposition sera maintenue.
Cet épisode nous fait nous poser des questions sur la liberté de s’exprimer, de présenter un point de vue.
Lors d’une manifestation organisée par plusieurs associations et partis politiques lors du Sommet des ministres européens pour l’immigration à Vichy, le 3 novembre 2008.st partis politiques lors du Sommet des ministres

LE PHOTOGRAPHE BERTRAND GAUDILLERE

http://www.collectifitem.com/

Bertrand Gaudillère:
photographe. Né en 1973, vit et travaille à Lyon
Membre fondateur du collectif item

Ce qui l’intéresse dans la photographie, « ce n’est pas un terrain en  
particulier mais le médium dans son ensemble et ce qu’il permet». Il  
se définit simplement comme photographe. Il croit aux dynamiques collectives, à l’échange et au partage comme  moteur d’action. item est la structure professionnelle qui permet à  ses projets d’exister et de se développer..

Centre de rétention où est détenu Carlos, un sans-papiers.

QUELQUES NOTIONS

Etranger est une personne qui ne possède pas la nationalité française.

Immigré c’est une personnée née à l’étranger qui quitte son pays d’origine pour s’installer dans un autre pays. Tous les immigrés sont des étrangers mais certains deviennent français par acquisition

Sans-Papier c’est une personne qui ne possède pas les papiers nécessaires pour vivre dans un pays légalement.

On compte 4,9 millions d’immigrés en France et 3,2 millions d’étrangers

(source: manuel de géo Magnard)

« Extrait d’un article du Monde concernant la politique des Sans-papiers en France daté du 07/01/2010La France a expulsé de son territoire quelque 29 000 étrangers en situation irrégulière en 2009, un chiffre comparable à celui de l’année précédente, mais supérieur à l’objectif assigné par Nicolas Sarkozy. Eric Besson, promu il y a un an au poste de ministre de l’immigration, n’a pas précisé le chiffre exact. Mais il aura donc fait autant que son prédécesseur Brice Hortefeux qui, en 2008, avait expulsé 29 799 étrangers en situation irrégulière contre un objectif de 26 000.

Les enquêtes annuelles de recensement conduites par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2004 et 2005 établissent à près de 5 millions le nombre d’immigrés en France à la mi-2004 : 4,9 millions d’immigrés résident sur le territoire métropolitain, représentant 8,1 % de la population.

L’étude montre que la proportion de femmes et d’hommes s’est maintenant équilibrée, l’immigration féminine ayant succédé après 1974 à l’immigration masculine de main d’œuvre. Les immigrés venant d’Afrique et d’Asie apparaissent plus nombreux que lors du recensement de 1999, à l’inverse de ceux provenant d’Espagne et d’Italie. Les principaux pays d’origine restent l’Algérie, le Maroc et le Portugal. L’INSEE observe en outre que trois régions métropolitaines rassemblent près de 60 % des immigrés : près de 40 % résident en Ile-de-France (1 habitant sur 6 y est immigré), 11 % en Rhône-Alpes et 9 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Source : INSEE, Catherine Borrel, INSEE Première n° 1098, août 2006, www.insee.fr

Les flux d’immigration

Pour sa part, l’Institut national des études démographiques (INED) fait une totalisation du nombre d’entrées annuelles en France à partir des données du ministère de l’Intérieur et de celles de l’Office des migrations internationales. Il aboutit à un flux total d’immigration de 215 400 personnes en 2003 (toutes nationalités confondues) ; il en dénombrait moins de 156 000 pour 1998.

En 2003, le premier continent d’origine des immigrés reste l’Afrique avec plus de 105 000 personnes (moins de 65 000 cinq années auparavant). Viennent ensuite les Européens : plus de 42 000 avaient une nationalité bénéficiant de la liberté de circulation (espace économique européen) et quelque 25 700 une autre nationalité européenne. L’évolution de ces deux flux est inverse : cinq ans plus tôt les premiers étaient 43 000 et les seconds 16 300. Le flux provenant d’Asie s’accroît : 30 300 en 2003 pour moins de 20 000 en 1998. Le continent américain suit la même courbe : 15 000 en 2003 contre 11 200 cinq ans plus tôt.

  1998 2003
Toutes nationalités 155 879 215 397
Nationalités bénéficiant de la liberté de circulation (EEE) 43 033 42 085
Autres nationalités européennes 16 289 25 712
Afrique 64 884 105 658
Asie 19 668 30 346
Amérique 11 255 14 958

Source : INED, www.ined.fr

LES LOIS HORTEFEUX

Voici un bilan de la Loi Hortefeux sur l’immigration ou encore la loi n°2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maitrise de l’immigration, à l’intégration, et à l’asile. Commenté par maitre éolas dans Journal d’un avocat.
« Le demandeur d’un visa pour un séjour d’une durée supérieure à trois mois, ou son représentant légal, ressortissant d’un pays dans lequel l’état civil présente des carences, qui souhaite rejoindre ou accompagner l’un de ses parents mentionné aux articles L. 411-1 et L. 411-2 ou ayant obtenu le statut de réfugié ou le bénéfice de la protection subsidiaire, peut, en cas d’inexistence de l’acte de l’état civil ou lorsqu’il a été informé par les agents diplomatiques ou consulaires de l’existence d’un doute sérieux sur l’authenticité de celui-ci qui n’a pu être levé par la possession d’état telle que définie à l’article 311-1 du code civil, demander que l’identification du demandeur de visa par ses empreintes génétiques soit recherchée afin d’apporter un élément de preuve d’une filiation déclarée avec la mère du demandeur de visa. Le consentement des personnes dont l’identification est ainsi recherchée doit être préalablement et expressément recueilli. Une information appropriée quant à la portée et aux conséquences d’une telle mesure leur est délivrée.
« Les agents diplomatiques ou consulaires saisissent sans délai le tribunal de grande instance de Nantes pour qu’il statue, après toutes investigations utiles et un débat contradictoire, sur la nécessité de faire procéder à une telle identification.
« Si le tribunal estime la mesure d’identification nécessaire, il désigne une personne chargée de la mettre en œuvre parmi les personnes habilitées dans les conditions prévues au dernier alinéa.
« La décision du tribunal et, le cas échéant, les conclusions des analyses d’identification autorisées par celui-ci sont communiquées aux agents diplomatiques ou consulaires. Ces analyses sont réalisées aux frais de l’État. (…) »
Article L. 221-3 : « Le maintien en zone d’attente est prononcé pour une durée qui ne peut excéder quatre jours par une décision écrite et motivée d’un agent relevant d’une catégorie fixée par voie réglementaire.
Cette décision est inscrite sur un registre mentionnant l’état civil de l’intéressé et la date et l’heure auxquelles la décision de maintien lui a été notifiée. Elle est portée sans délai à la connaissance du procureur de la République. . Lorsque la notification faite à l’étranger mentionne que le procureur de la République a été informé sans délai de la décision de maintien en zone d’attente , cette mention fait foi sauf preuve contraire. »
« Il est privé de liberté, par une décision d’un policier.
Je vous rappelle qu’un assassin d’enfants ne peut être retenu par la police que 24 heures, durée renouvelable une fois avec l’autorisation préalable d’un magistrat, durée à l’issue de laquelle il devra avoir été vu par un magistrat qui décidera de son sort dans les 20 heures. Donc 68 heures maximum, avec deux interventions d’un magistrat. Un homme qui n’a rien fait hormis demander sa protection à la France sera privé de liberté 96 heures par simple décision policière sans avoir vu l’ombre d’un magistrat, le procureur étant juste informé de cette mesure, par un simple coup de téléphone généralement, procureur qui n’aura ni le temps ni les moyens de s’interroger sur son bien-fondé. »
Souligne Maitre Eolas.
Le ministère s’est donné pour objectif de reconduire à la frontière 25 000 étrangers en situation irrégulière pour l’année 2007. Brice Hortefeux a ainsi convoqué « la vingtaine de préfets n’ayant pas atteint leurs objectifs d’expulsion de sans-papier », pour leur demander « d’améliorer leurs résultats en termes de reconduites à la frontière »[]. Des associations de défense des étrangers en situation irrégulière, comme la CIMADE et le GISTI, ont critiqué cette mesure qualifiée de « la politique du chiffre ».
Les services de police français sont également régulièrement critiqués pour leur comportement vis-à-vis des étrangers (violences, décès accidentels) faisant l’objet de ces mesures, aussi bien par les associations que par la commission nationale de déontologie de la sécurité.
Le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés, anciennement Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés), est une association à but non lucratif de défense et d’aide juridique des étrangers en France, dont le siège social est situé à Paris.
Organisation militante, le GISTI entend participer au débat d’idées et aux luttes de terrain, aux niveaux national et européen, en relation avec des associations d’immigrés, des associations de défense des droits de l’homme, et des organisations syndicales et familiales. Le GISTI est devenu depuis sa fondation en 1972 un contributeur reconnu dans les recherches et débats sur les politiques migratoires. Le grand nombre d’arrêts « GISTI » du Conseil d’État (1975, 1978, 1990, 2003) témoigne de l’importance et de la singularité de cette association dans l’espace des organisations de défense des droits de l’homme. Le GISTI fournit aussi un important travail de soutien juridique aux immigrés.
La CIMADE (Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués) est une association à but non lucratif (loi 1901) et intervenant dans les domaines suivants :
intervention au bénéfice des étrangers retenus en centre de rétention administrative, gestion d’établissements sanitaires et sociaux, formation et adaptation linguistique, activités très majoritairement financées sur des fonds publics
accueil des étrangers dans les permanences régionales, actions de solidarité internationale, interventions en prison et en locaux de rétention, activités majoritairement financées sur fonds privés
Depuis 1984, par une convention passée avec le ministère des Affaires sociales, la CIMADE est présente dans les centres de rétention administrative répartis sur le territoire français. Les étrangers en instance d’expulsion « retenus » dans ces centres font l’objet soit d’une mesure d’éloignement du territoire, soit d’une « remise à un État de l’Union européenne ». Il s’agissait jusqu’au 2 juin 2009, de la seule ONG autorisée par la loi à entrer dans les centres de rétention afin de surveiller les conditions de rétention, et d’apporter l’aide juridique nécessaire aux personnes en voie d’expulsion.
La CIMADE a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position politique ou religieuse. En particulier, elle a pour objet de combattre le racisme, veiller scrupuleusement au respect des droits et de la dignité des personnes, quelle que soit leur situation. La CIMADE rassemble des personnes d’horizons nationaux, confessionnels, philosophiques et politiques divers, engagées dans ce service.

ONG
Une ONG est une organisation de la société civile ayant un caractère humanitaire, qui ne dépend ni d’un État, ni d’une institution internationale. Une ONG décide de manière autonome des actions qu’elle engage.

 

 

 

 AFFICHE DE L’EXPOSITION

 

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