Dysturb ton quotidien

Depuis quelques mois le photojournalisme s’expose en force dans les rues…de Paris.
Nom du projet: Dysturb.
Acteurs: un collectif de jeunes et talentueux photojournalistes: Pierre Terdjman, Capucine Bailly, Bénédicte Kurzen,Guillaume Herbaut, Agnès Dherbeys (…souvent exposés à Visa Pour l’Image de Perpignan.)…et bien d’autres..
Les photos prises en Centrafrique, en Ukraine, au Tibet sont reproduites en format affiche, puis placardées dans des lieux publics. Bobo ou prolo, les quidams sont happés par l’image du monde qui trouble leur quotidien. Les gens s’arrêtent, ou pas…mais tous voient. L’image et le message sont directs, bruts…efficaces.

Dysturb mêle la désacralisation de l’image façon Ernest Pignon Ernest, l’interpellation musclée façon « Peur sur la ville » de Patrick Chauvel, le Street Art… mais c’est surtout un acte citoyen qui veut bousculer l’information et les consciences.

« L’idée, c’est d’interpeller le public parce que les gens ne veulent pas savoir ce qu’il se passe dans le monde, alors on leur impose des images qu’ils ne vont pas chercher par eux-mêmes » P.Terdjman

Il est vrai qu’en rentrant des courses, tomber nez à nez avec un réfugié centrafricain ne peut que susciter la réflexion, l’indignation, l’interrogation….le malaise…

Il était urgent de réagir, de réviser notre rapport à l’information…car les chaînes d’info en continu (hors France 24) comme les journaux de masse versent de plus en plus dans les news zapping, le thème choc…rien de pensé, rien d’approfondi…et on enfile la démagogie comme les perles….les photojournalistes bougent, dysturb notre quotidien.
Dysturb c’est le photojournalisme fait et diffusé par eux au plus près du citoyen….à nous de saisir cette chance pour reprendre la main médiatique avec de véritables journalistes engagés sur tous les fronts (actualité chaude ou pas, dangereuse ou pas…)


Photo de Rafael Yagobzadeh rue de Prévot à Paris – Dysturb

Dysturb est aussi un moyen d’interpeller sur le statut de l’image dans les journaux. Ces derniers réduisent trop souvent le photojournalisme à une fabrique d’ images fortes, illustratives…à force de trop limiter l’image elle en devient caricaturale. Le photojournalisme est en réalité un support d’information à part entière, un récit signé par un auteur….pensons aux séries de Gilles Caron, Capa… Peu de revues ou journaux actuels respectent ce travail: Paris-Match, 6 mois, Polka, XXI…se distinguent…c’est bien peu…

Dysturb dérange et c’est bien fait pour nous, c’est bien fait pour les médias qui peut-être en tireront une vrai leçon d’information: nous donner des yeux pour voir le monde tel qu’il est et nous donner enfin à penser en citoyen autonome, libre et debout….

Gageons que Dysturb s’invitera sur les murs de Perpignan (qui a bien besoin de penser le Monde …à petite et grande échelle)!

Et si vous voyez ce logo…ouvrez-les yeux, activez votre temps de cerveau disponible car le monde s’invite à votre porte.

Laetitia Cologni

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