IMMORTELS REGRETS…
Michel Déon de l’Académie Française écrivait ceci à propos de Paris:
« J’aimais Paris, cette ville noire où chacun peut choisir ses points névralgiques et jusqu’à la teinte de ses nostalgies. En même temps j’en avais peur comme un provincial parce que je n’y avais pas de souvenir d’enfance » Les Trompeuses Espérances.
Les débats autour de la sépulture parisienne de Michel Déon révèlent la noirceur de Paris dans son plus triste appareil.
Décédé le 28 décembre 2016 à Galway Michel Déon de l’Académie Française, attend le transfert de ses cendres dans une sépulture parisienne. Oui. Depuis plus d’un an!
Immense écrivain, étiqueté Hussard, homme de droite ou monarchiste (lui se disait monarchiste-républicain: entretien dans Pages Catalanes).
Michel Déon était surtout un homme libre, un immense écrivain, modeste et malicieux…une de ces personnalités rares qui marquent l’histoire sans agitation médiatique, en traçant seulement une magnifique voie artistique.
Michel Déon était Académicien, commandeur de la Légion d’Honneur, officier des Arts et des Lettres, traduit dans de nombreuses langues; ses oeuvres ont été adaptées à la télévision et au cinéma (Un Taxi Mauve d’Yves Boisset avec Charlotte Rampling et Fred Astaire), Docteur Honoris Causa de l’Université d’Athènes et de l’Université d’Irlande.
Les atermoiements qui empêchent son inhumation dans un cimetière parisien sont regrettables au regard de ce que cet écrivain a donné à la culture Française.
Certes, depuis 1974 Déon vivait en Irlande, pas pour des raisons fiscales, parce qu’elle l’inspirait, parce qu’il aimait les îles, il a aussi vécu en Grèce car « toutes les îles tiennent (…) du sortilège (…) n’est pas insulaire qui le désire » (Mes Arches de Noé)
Certes, Déon aimait admirer la France de l’extérieur, mais c’est sous la coupole de l’Académie Française qu’il s’est engagé à défendre la langue et la littérature françaises. En faut-il davantage pour obtenir un carré au cimetière Montparnasse ou au Père Lachaise…combien d’illustres ou d’inconnus ont obtenu une demeure parisienne avec moins d’engagement?
En ces temps d’hommages (sur)appuyés à de grands noms de la culture française, ce blocage anti-Déon est plus qu’un impair.
L’oeuvre de Déon nous accompagne et nous laisse croire en la Beauté. Il manque.
Il manque à tous ses discrets admirateurs une ultime concession pour lui rendre un immortel hommage.
Je terminerai par ses mots « Disparaître n’est rien mais ne pas laisser de traces, si vaines soient-elles est une intolérable punition. Or qu’abandonner derrière soi de plus durable que des larmes? (…) » La Montée du Soir
Laetitia Cologni